domingo, 14 de janeiro de 2018

Catherine Deneuve : «Rien dans le texte ne prétend que le harcèlement a du bon, sans quoi je ne l’aurais pas signé» / Catherine Deneuve apologises to sex attack victims after #MeToo controversy


Catherine Deneuve : «Rien dans le texte ne prétend que le harcèlement a du bon, sans quoi je ne l’aurais pas signé»

Par Catherine Deneuve — 14 janvier 2018 à 20:36 (mis à jour le 15 janvier 2018 à 07:25)
Le 16 septembre 2013 à Paris.

Une semaine après avoir signé la tribune qui prône la «liberté d’importuner» pour préserver la «liberté sexuelle», l’actrice assume, tout en prenant ses distances avec certaines signataires. Et s’excuse auprès des victimes d’agression qui auraient pu être choquées.
  Catherine Deneuve : «Rien dans le texte ne prétend que le harcèlement a du bon»
Catherine Deneuve nous a transmis ce texte sous forme de lettre, à la suite d’un entretien par téléphone, vendredi. Nous l’avions sollicitée car nous voulions entendre sa voix, savoir si elle était en accord avec l’intégralité de la tribune signée, et savoir comment elle réagissait à la prise de paroles des unes et des autres ; bref, qu’elle clarifie sa position.

«J’ai effectivement signé la pétition titrée dans le journal le Monde, "Nous défendons une liberté…", pétition qui a engendré de nombreuses réactions, nécessitant des précisions.

«Oui, j’aime la liberté. Je n’aime pas cette caractéristique de notre époque où chacun se sent le droit de juger, d’arbitrer, de condamner. Une époque où de simples dénonciations sur réseaux sociaux engendrent punition, démission, et parfois et souvent lynchage médiatique. Un acteur peut être effacé numériquement d’un film, le directeur d’une grande institution new-yorkaise peut être amené à démissionner pour des mains aux fesses mises il y a trente ans sans autre forme de procès. Je n’excuse rien. Je ne tranche pas sur la culpabilité de ces hommes car je ne suis pas qualifiée pour. Et peu le sont.

Non, je n’aime pas ces effets de meute, trop communs aujourd’hui. D’où mes réserves, dès le mois d’octobre sur ce hashtag "Balance ton porc".

«Il y a, je ne suis pas candide, bien plus d’hommes qui sont sujets à ces comportements que de femmes. Mais en quoi ce hashtag n’est-il pas une invitation à la délation ? Qui peut m’assurer qu’il n’y aura pas de manipulation ou de coup bas ? Qu’il n’y aura pas de suicides d’innocents ? Nous devons vivre ensemble, sans "porcs", ni "salopes", et j’ai, je le confesse, trouvé ce texte "Nous défendons une liberté…" vigoureux, à défaut de le trouver parfaitement juste.

«Oui, j’ai signé cette pétition, et cependant, il me paraît absolument nécessaire aujourd’hui de souligner mon désaccord avec la manière dont certaines pétitionnaires s’octroient individuellement le droit de se répandre dans les médias, dénaturant l’esprit même de ce texte. Dire sur une chaîne de télé qu’on peut jouir lors d’un viol est pire qu’un crachat au visage de toutes celles qui ont subi ce crime. Non seulement ces paroles laissent entendre à ceux qui ont l’habitude d’user de la force ou de se servir de la sexualité pour détruire que ce n’est pas si grave, puisque finalement il arrive que la victime jouisse. Mais quand on paraphe un manifeste qui engage d’autres personnes, on se tient, on évite de les embarquer dans sa propre incontinence verbale. C’est indigne. Et évidemment rien dans le texte ne prétend que le harcèlement a du bon, sans quoi je ne l’aurais pas signé.

«Je suis actrice depuis mes 17 ans. Je pourrais évidemment dire qu’il m’est arrivé d’être témoin de situations plus qu’indélicates, ou que je sais par d’autres comédiennes que des cinéastes ont abusé lâchement de leur pouvoir. Simplement, ce n’est pas à moi de parler à la place de mes consœurs. Ce qui crée des situations traumatisantes et intenables, c’est toujours le pouvoir, la position hiérarchique, ou une forme d’emprise. Le piège se referme lorsqu’il devient impossible de dire non sans risquer son emploi, ou de subir humiliations et sarcasmes dégradants. Je crois donc que la solution viendra de l’éducation de nos garçons comme de nos filles. Mais aussi éventuellement de protocoles dans les entreprises, qui induisent que s’il y a harcèlement, des poursuites soient immédiatement engagées. Je crois en la justice.

«J’ai enfin signé ce texte pour une raison qui, à mes yeux, est essentielle : le danger des nettoyages dans les arts. Va-t-on brûler Sade en Pléiade ? Désigner Léonard de Vinci comme un artiste pédophile et effacer ses toiles ? Décrocher les Gauguin des musées ? Détruire les dessins d’Egon Schiele ? Interdire les disques de Phil Spector ? Ce climat de censure me laisse sans voix et inquiète pour l’avenir de nos sociétés.

«On m’a parfois reproché de ne pas être féministe. Dois-je rappeler que j’étais une des 343 salopes avec Marguerite Duras et Françoise Sagan qui a signé le manifeste "Je me suis fait avorter" écrit par Simone de Beauvoir ? L’avortement était passible de poursuite pénale et emprisonnement à l’époque. C’est pourquoi je voudrais dire aux conservateurs, racistes et traditionalistes de tout poil qui ont trouvé stratégique de m’apporter leur soutien que je ne suis pas dupe. Ils n’auront ni ma gratitude ni mon amitié, bien au contraire. Je suis une femme libre et je le demeurerai. Je salue fraternellement toutes les victimes d’actes odieux qui ont pu se sentir agressées par cette tribune parue dans le Monde, c’est à elles et à elles seules que je présente mes excuses.

Sincèrement à vous.

Catherine Deneuve

Catherine Deneuve apologises to sex attack victims after #MeToo controversy

French actor says she stands by letter that caused outcry but condemns other signatories for distorting the spirit of its message

Kim Willsher in Paris
Mon 15 Jan 2018 00.46 GMT Last modified on Mon 15 Jan 2018 05.29 GMT

Catherine Deneuve has apologised to female victims of sexual assault who were shocked and hurt by the controversial letter she signed attacking the #MeToo campaign.

The French actor said she stood by the statement that caused an international outcry when it was published last week, but distanced herself from a number of other female signatories.

Le Monde newspaper, which ran the original letter, described Deneuve’s response to the row as “a form of mea culpa”.

About 100 French women, including high-profile writers, artists and academics, put their names to the attack on a wave of Anglo-American “puritanism” following the Harvey Weinstein sex abuse scandal. They suggested the #MeToo campaign (#BalanceTonPorc – Squeal on Your Pig – in France) in which women denounced their alleged attackers had gone too far. They defended the right of men to “importune” in the name of “sexual freedom” and claimed men were being subjected to a witch-hunt.

In her letter, published in Libération, Deneuve said she had signed the statement because she opposed the “media lynching” of men accused of inappropriate behaviour and found its message “vigorous” if not “entirely right”.

“Yes, I signed that petition, however, it seems absolutely necessary today to underline my disagreement with the way certain signatories have individually assumed the right to expand upon it in the media, distorting the spirit of the text,” she wrote.

She referred to former radio presenter Brigitte Lahaie, who during a heated debate on BFMTV said women were able to “orgasm during a rape”. Without mentioning Lahaie by name, Deneuve said this was “worse than spitting in the face of those who have suffered this crime”.

“Not only do these words suggest to those who are used to using force or sexuality to destroy that it’s not so serious … but when one signs a manifesto that engages other people, one avoids dragging them into one’s own verbal incontinence. It’s unworthy. And obviously nothing in the text claims that harassment is good, otherwise I wouldn’t have signed it,” she wrote.

Reminding those who questioned her feminist credentials that she was among 343 women, including feminist writer Simone de Beauvoir, to sign a 1971 declaration admitting they had an abortion when it was still illegal, Deneueve dismissed the “conservatives, racists and traditionalists of all kinds who have found it strategic to give me their support”.

“I am not fooled,” she wrote. “They will not have my gratitude or my friendship. Quite the opposite.

“I’m a free woman and I will remain one. I fraternally salute all women victims of odious acts who might have felt assaulted by the letter in Le Monde. It is to them, and them alone, that I apologise.


                                                             

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