sexta-feira, 30 de maio de 2014

Juncker en situation favorable, mais rien n’est acquis / LE MONDE.

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Juncker en situation favorable, mais rien n’est acquis

Angela Merkel et ses homologues ont, sans surprise, convenu de garder la main. Comme prévu, chefs d'Etat et de gouvernement des Vingt-Huit ont mandaté Herman Van Rompuy, le président du Conseil européen, afin qu’il démine le terrain en vue de désigner le successeur de José Manuel Barroso. Mais avant de trancher sur les personnes, les Vingt-Huit veulent réfléchir aux priorités du prochain président de la Commission : croissance, intégration de la zone euro, énergie, et diplomatie-défense commune.

D’ici au prochain sommet, fin juin, les consultations pilotée par Van Rompuy devront être menées en « étroite concertation » avec Jean-Claude Juncker, chef de file du Parti populaire européen, arrivé en tête des élections, et les nouveaux responsables du Parlement européen, a souligné Angela Merkel. « Il n’y a pas d’automatisme », a répété la chancelière, tout en martelant que l’ancien premier ministre luxembourgeois était bien « le candidat » du PPE. Sans dire si l'intéressé figurerait, ou pas, dans le tableau final.
La mission confiée à Herman Van Rompuy cherche avant tout à éviter un « clash » entre Parlement et Conseil européen. Car plusieurs dirigeants, dont quelques-uns sont membres du Parti populaire européen, se sont appuyés sur la vague anti-UE constatée dimanche 25 mai pour contester le choix de M. Juncker, vétéran de la construction européenne, et cofondateur de l’euro. « L’Europe doit changer », et « nous n’avons pas besoin d’homme du passé », a lâché David Cameron. Le premier ministre populiste hongrois Viktor Orban, le Suédois Fredrik Reinfeldt, la Danoise Helle Thorning-Schmidt, le Néerlandais Mark Rutte et les dirigeants baltes ont renchéri. A eux tous, ces personnalités ne sont pas loin, pour diverses raisons, de former une minorité de blocage susceptible d’entraver la nomination de M. Juncker.

Paradoxe, l’ancien président de l’Eurogroupe s’est targué, avant le dîner, et devant les dirigeants de sa famille politique, dont Angela Merkel, d’être soutenu par l’ensemble des chefs d’Etat et de gouvernement… socialistes. Y compris François Hollande. « C’est à lui de mener les consultations, puisqu’il est arrivé en tête », dit-on dans l’entourage du président de la République. L’ancien premier ministre luxembourgeois espérait obtenir au plus vite un mandat pour former une large coalition entre droite et gauche du Parlement européen.

Lors du sommet du PPE, avant le dîner des Vingt-Huit, il a même insisté en ce sens, contre l'avis d'Angela Merkel et d'Herman Van Rompuy. Agacée, la chancelière s'est dite "très surprise" par sa détermination, selon un participant, même si plusieurs de ses homologues, dont le Polonais Donald Tusk, ont soutenu le candidat du PPE. Pour la chancelière, c'est au Conseil de désigner le successeur de M. Barroso, pas au Parlement européen. M. Juncker va donc devoir patienter. Mais il craint, non sans raison, que le débat sur les priorités, et le mandat donné à Herman Van Rompuy,ne soient une façon déguisée de lui barrer la route.


Philippe Ricard

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